Illustration d’une éolienne
La Guadeloupe est considérée comme la vitrine du savoir-faire français en matière d’énergies renouvelables dans les Caraïbes. Elle est également considérée comme le premier département de tout le territoire français en la matière. Qu’est-ce qui justifie cette première place occupée par notre archipel à l’échelle nationale ? Voici le premier article d’une série consacrée aux énergies renouvelables que l’on retrouve aux quatre coins de l’archipel français des Caraïbes : les éoliennes.
Le système énergétique de la Guadeloupe : caractéristiques
La consommation d’énergie de l’archipel guadeloupéen est principalement due à l’utilisation des ressources fossiles. En raison de sa double insularité et de son caractère archipélagique, la Guadeloupe est dépendante à près de 90% d’approvisionnement en combustibles fossiles afin de répondre à ses besoins en énergie primaire. Depuis les années 1980, l’archipel des Caraïbes Françaises cherche à réduire sa dépendance à ce type d’énergie tout en diversifiant les moyens de production d’énergie ainsi que la maîtrise de celle-ci. On parle ici des « énergies renouvelables », c’est-à-dire des énergies non polluantes et utilisant des ressources non épuisables comme le vent ou l’électricité. Parmi les énergies renouvelables, on y retrouve les éoliennes.
Eoliennes à La Désirade, première commune de Guadeloupe à avoir vu l’installation de ces dernières en 1992
Les débuts de l’énergie éolienne en Guadeloupe
C’est en 1992 que l’énergie éolienne fit ses débuts dans l’archipel guadeloupéen, avec la mise en service du parc éolien du Souffleur sur l’île de La Désirade. Comme la Guadeloupe (ainsi que l’ensemble de l’Arc antillais) est soumise au régime des Alizés, cela a permis le développement de cette énergie renouvelable à l’échelle régionale. En 2017, l’énergie éolienne représentait 3% de la production totale d’électricité en Guadeloupe proprement dite (Basse-Terre et Grande-Terre) et dans les Îles du Sud (Marie-Galante, Les Saintes, La Désirade), soit plus de 51 000 MWh, à travers les 12 parcs éoliens présents dans l’archipel, selon l’ADEME Guadeloupe.
Notons par ailleurs que la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) a développé un « Schéma régional éolien de la Guadeloupe », dont les objectifs sont les suivants :
- Identification des zones géographiques d’étude appropriées pour l’implantation d’éoliennes ;
- Détermination d’objectifs qualitatifs : les conditions nécessaires au développement des projets éoliens ;
- Déterminations d’objectifs quantitatifs : puissance à installer par zone géographique.
D’après le schéma régional éolien, la Guadeloupe possède un fort potentiel de développement : entre 70 et 110 MW.
Objectifs PPE pour l’éolien
Même si l’archipel guadeloupéen a un fort potentiel de développement en matière d’énergie éolienne, celui-ci a été faible depuis 2010, date à laquelle la dernière éolienne installée (hors repowering = remplacement des éoliennes vieillissantes par de nouvelles, plus performantes, tout en maximisant l’exploitation des sites où elles sont implantées) a été mise en service. En effet, plusieurs obstacles constituent un frein à ce développement :
- l’évolution du cadre réglementaire et le renforcement des contraintes ;
- les difficultés d’implantation des parcs éoliens liées notamment à la présence d’un radar utilisé par les services de Météo France Guadeloupe en Grande-Terre ;
- la difficulté d’acceptation de la part de la population locale ;
- l’atteinte de la limite des 30% et la concurrence de la filière photovoltaïque pour les derniers MW de puissance
- l’insuffisance des tarifs d’achat permettant le financement des projets avec stockage et l’affranchissement des contraintes de l’intermittence ;
- enfin, l’éloignement entre les zones de production à fort potentiel (Nord Grande-Terre, Marie-Galante, Les Saintes et La Désirade) et les principaux foyers de consommation (agglomération pointoise et Basse-Terre), qui nécessite des besoins techniques et financiers de renforcement du réseau de transport électrique.
La PPE prévoit la possibilité d’installer, d’ici 2023, plus de 82 MW supplémentaires de projets éoliens terrestres avec stockage, dont une bonne partie seront réalisés dans le cadre d’une opération de repowering (avec stockage selon les tarifs d’achat).
La filière éolienne connait un certain renouveau depuis 2016, année durant laquelle 45 MW de projets éoliens furent autorisés dans les Îles de Guadeloupe. Néanmoins, il a fallu attendre 2018 pour que le reste du potentiel ne soit déployé avec la levée des freins techniques et administratifs cités précédemment et ce, dans le cadre de la PPE.
Par ailleurs, l’Etat français et la Région Guadeloupe poursuivent les actions engagées afin de lever les freins techniques ou économiques identifiés sur le territoire régionale et de permettre à la filière éolienne de contribuer de manière significative à l’atteinte des objectifs fixés par la Loi de Transition Energétique pour la Croissance Verte (LTECV).
Potentiel de développement éolien
Le potentiel de développement éolien dans l’archipel guadeloupéen est freiné par un obstacle de poids : la présence d’un radar de Météo France dans la commune du Moule, ce qui empêche d’atteindre les objectifs fixés par le schéma régional.
Il a fallu, par ailleurs, établir un cahier de recommandations à destination des porteurs de projets pour guider ces derniers vers l’acceptation par la population locale, ainsi qu’une grille d’analyse destinée à la commission PV-Eolien qui a pour mission l’évaluation des projets désireux de s’implanter en Guadeloupe. Ceci s’inscrit au-delà de l’identification des zones les plus favorables au développement de l’éolien.
Les perspectives de développement et schéma régional de l’éolien
Répartition des parcs éoliens sur le territoire guadeloupéen
On compte, à l’heure actuelle 13 parc éoliens dans l’archipel guadeloupéen. Ils représentent au total une puissance de 27 MW. La production d’énergie éolienne a atteint son maximum en 2013 avec 56,7 GW/heure, mais elle a depuis baissé.
Voici la liste des parcs éoliens présents en Guadeloupe « Continentale » (Grande-Terre et Basse-Terre) ainsi que dans ses dépendances (Marie-Galante, Les Saintes et La Désirade) :
Parc éolien de La Montagne (La Désirade)
- Parc éolien de La Désirade III Montagne
– Localisation : La Désirade ;
– Exploitant : AEROWATT ;
– Puissance totale installée : 2,1 MW ;
– Nombre d’aérogénérateurs et puissance : 35 de 60 KW (de 2000 à 2018), puis 8 de 900 KW ;
– Date(s) de mise en service : 1992, 01/12/2000 et 6/06/2019 ;
– Particularité : c’est le tout premier parc éolien à avoir été mis en service en Guadeloupe
https://www.mediaterre.org/actu,20190625125905,8.html
- Parc éolien de La Desirade IV Souffleur
– Localisation : La Désirade ;
– Exploitant : AEROWATT ;
– Puissance totale installée : 1,7 MW ;
– Nombre d’aérogénérateurs et puissance : 6 de 275 KW ;
– Date(s) de mise en service : 01/03/2010.
- Parc éolien de Fonds Caraïbes
– Localisation : Saint-François ;
– Exploitant : AEROWATT ;
– Puissance totale installée : 4,4 MW ;
– Nombre d’aérogénérateurs et puissance : 20 de 220 KW ;
– Date(s) de mise en service : 01/12/2003.
- Parc éolien de La Mahaudière
– Localisation : Anse-Bertrand ;
– Exploitant : SEC ;
– Puissance totale installée : 3,03 MW ;
– Nombre d’aérogénérateurs et puissance : 11 de 275 KW ;
– Date(s) de mise en service : 01/03/2007.
- Parc éolien de Grande Maison
– Localisation : Petit-Canal ;
– Exploitant : AEROWATT ;
– Puissance totale installée : 1,38 MW ;
– Nombre d’aérogénérateurs et puissance : 5 de 275 KW ;
– Date(s) de mise en service : 01/02/2008.
- Parc éolien de Petit-Canal I
– Localisation : Petit-Canal ;
– Exploitant : EDF EN ;
– Puissance totale installée : 1,4 MW ;
– Nombre d’aérogénérateurs et puissance : 24 de 60 KW ;
– Date(s) de mise en service : 01/03/2008.
- Parc éolien de Petit-Canal II
– Localisation : Petit-Canal ;
– Exploitant : EDF EN ;
– Puissance totale installée : 3,3 MW ;
– Nombre d’aérogénérateurs et puissance : 15 de 220 KW ;
– Date(s) de mise en service : 01/12/2001.
- Parc éolien de Petit-Canal III
– Localisation : Petit-Canal ;
– Exploitant : EDF EN ;
– Puissance totale installée : 1,5 MW ;
– Nombre d’aérogénérateurs et puissance : 7 de 220 KW ;
– Date(s) de mise en service : 01/04/2003.
- Parc éolien de Petit-François
– Localisation : Petit-Canal ;
– Exploitant : EDF EN ;
– Puissance totale installée : 2,2 MW ;
– Nombre d’aérogénérateurs et puissance : 10 de 220 KW ;
– Date(s) de mise en service : 01/12/2002.
Parc éolien de Sainte-Rose, le premier de la Basse-Terre et le tout premier parc éolien multi mégawatt des Antilles Françaises, inauguré en janvier 2019
- Parc éolien de Sainte-Rose
– Localisation : Sainte-Rose ;
– Exploitant : VALOREM ;
– Puissance totale installée : 16 MW ;
– Nombre d’aérogénérateurs et puissance : 8 de 2000 KW ;
– Date(s) de mise en service : 26/01/2019 ;
– Particularité : c’est le tout premier parc éolien installé en Basse-Terre et le tout premier parc éolien multi mégawatt des Antilles Françaises.
Parc éolien de Petite Place (Capesterre-de-Marie-Galante)
- Parc éolien de Petite Place
– Localisation : Capesterre-de-Marie-Galante ;
– Exploitant : AEROWATT ;
– Puissance totale installée : 1,5 MW ;
– Nombre d’aérogénérateurs et puissance : 25 de 60 KW (de 1997 à 2013, date de leur démantèlement), puis 9 de 275 KW (depuis septembre 2015) ;
– Date(s) de mise en service : 01/10/1997et 09/2015 (repowering).
Parc éolien de Morne Constant (Capesterre-de-Marie-Galante)
- Parc éolien de Morne Constant
– Localisation : Capesterre-de-Marie-Galante ;
– Exploitant : AEROWATT ;
– Puissance totale installée : 1,38 MW ;
– Nombre d’aérogénérateurs et puissance : 23 de 60 KW ;
– Date(s) de mise en service : 01/08/2000.
Eoliennes de Terre-de-Bas (Les Saintes)
- Parc éolien des Saintes (Terre-de-Bas)
– Localisation : Terre-de-Bas (Les Saintes) ;
– Exploitant : AEROWATT ;
– Puissance totale installée : 1,93 MW ;
– Nombre d’aérogénérateurs et puissance : 7 de 275 KW ;
– Date(s) de mise en service : 01/01/2006.
En novembre 2016, une commission fut organisée afin de donner un avis sur quatre projets éoliens, dont deux faisant l’objet de repowering. Ces derniers ont reçu un avis favorable de la commission. C’est notamment le cas du site de Désirade III dont les 35 éoliennes d’une puissance de 60 KW chacune , installées en 2000, ont été démontées en 2018, puis remplacées par 8 nouvelles ayant une puissance de 900 KW.
L’avenir de la filière éolienne en Guadeloupe
La filière de l’énergie éolienne dans l’archipel a encore de beaux jours devant elle. Après la mise en service du parc éolien de Sainte-Rose en janvier 2019, son exploitant, l’entreprise Valorem envisage d’implanter un autre dans la commune voisine de Lamentin, ce qui ferait le 14e parc éolien de Guadeloupe et le 2e de la Basse-Terre. Il devrait compter 5 éoliennes ayant une puissance de 2,2 MW chacune et de 11 MW au totale, avec une production prévisionnelle de 24 GWh/an. Parallèlement, à La Désirade, la société Quadran s’est lancée dans un processus de montée en puissance de son parc éolien existant. Enfin, la programmation pluriannuelle de l’énergie votée par la Région Guadeloupe a fixé à 2030, la date de l’indépendance énergétique de la Guadeloupe. Selon EDF Guadeloupe, il s’agit d’un objectif ambitieux, puisque « le territoire se place actuellement sur une trajectoire autour de 50% en 2023 et de 75% en 2028.
Cliquer pour accéder à 971_valorem_lamentin_energies_2-2_notice_de_presentation_non_technique.pdf


Bilan
Cet article nous a permis de voir que la Guadeloupe possède un fort potentiel de développement en matière d’énergie éolienne, ce qui est donc une des raisons pour lesquelles l’archipel des Antilles est considéré à la fois comme le premier département français en matière d’énergies renouvelables et comme une vitrine du savoir-faire français dans ce domaine à l’échelle caribéenne. L’énergie éolienne dans l’ensemble du territoire a encore de beaux jours devant elle avec le renouvellement de certains parcs éoliens existants qui leur ont permis d’améliorer leurs puissance avec des éoliennes nouvelle génération et de futurs projets de parcs éoliens qui pourraient voir le jour d’ici 2030, date à laquelle la Guadeloupe serait en mesure d’atteindre son indépendance énergétique.
Par Anthony Bassien-Capsa, le 6 février 2021