
Le tunnel de Perrin, construit en dessous du rond-point du même nom, aux Abymes, est la toute première structure de ce type réalisée en Guadeloupe. Il a été conçu pour fluidifier la circulation dans ce secteur, notamment durant les heures de pointe, vu que ce carrefour giratoire est situé sur deux axes routiers importants : d’un côté, la RN5, qui rallie l’agglomération pointoise au Nord Grande-Terre et de l’autre, la RD107, qui rallie le centre-ville des Abymes au hameau de Vieux-Bourg, à Morne-à-l’Eau. Mais depuis sa mise en service en décembre 2020, l’ouvrage a connu quelques incidents, sans gravité. Le tunnel de Perrin serait-il un signe précurseur de l’amélioration du réseau routier régional ?

Présentation de l’infrastucture
Le tunnel de Perrin est un PSGR (Passage Souterrain à Gabarit Réduit), construit en dessous du rond-point de Perrin entre le centre-ville des Abymes et le site où est construit le futur Centre Hospitalier Universitaire de la Guadeloupe (CHUG) et le futur parc d’activités agroalimentaires, Agropark Excellence Caraïbes. Il se trouve sur l’axe de la RN5, qui rallie Pointe-à-Pitre au Moule via Morne-à-l’Eau. Si ce tunnel prend la forme d’un passage souterrain à gabarit réduit, c’est pour deux raisons :
- Premièrement, le tunnel ne comporte que deux voies, une dans chaque sens de la circulation (Pointe-à-Pitre/Le Moule et Le Moule/Pointe-à-Pitre) ;
- Et deuxièmement, ce ne sont que les véhicules légers qui sont autorisés à y circuler (c’est-à-dire inférieur à 3 mètres de haut).
Il s’agit du premier véritable tunnel routier construit en Guadeloupe et probablement l’unique infrastructure de ce type dans l’archipel français des Caraïbes à ce jour. C’est une réalisation de l’entreprise française Balineau, spécialisée dans les travaux nautiques et la géotechnique, en collaboration avec d’autres entreprises nationales comme la GTA (Générale de Travaux Aquitains) et la SOGETRA (Société Générale de Travaux), mais également avec de nombreuses entreprises locales œuvrant dans le domaine du BTP (Bâtiments et Travaux Publics) comme la SGEC (Société Guadeloupéenne d’Enrobé à Chaud), la SGTP (Société Guadeloupéenne de Travaux Publics).

Le tunnel de Perrin en chiffres :
- 1 000 tonnes de palplanches et de caissons métalliques ;
- 1 km de canalisations d’assainissement pluvial ;
- + de 200 tonnes d’armatures pour la fabrication d’environ 2 000 m3
- 5 000 tonnes de béton bitumineux (revêtement de chaussée) ;
- + de 2 km de câblage électrique ;
- enfin, 50 projecteurs et candélabres équipés pour l’éclairage pblic.
Le chantier du Tunnel (PSGR) de Perrin aura été réalisée pour, au total, 2 ans, soit de décembre 2018 à décembre 2020, en raison de la pandémie de Coronavirus et des intémpéries survenues durant la saison cyclonique de 2020, mais le résultat final est satisfaisant selon Ary Chalus, président du Conseil Régional de la Guadeloupe.
https://www.karibinfo.com/index.php/2020/12/15/le-tunnel-de-perrin-les-abymes-sera-inaugure-jeudi/
https://www.balineau.com/reference/psgr-perrin-abymes-guadeloupe/
https://www.karibinfo.com/index.php/2020/12/17/la-region-a-presente-le-nouveau-tunnel-de-perrin/

Pourquoi un tunnel routier au niveau du carrefour giratoire de Perrin ?
S’il a fallu aménager le tunnel de Perrin, c’est pour fluidifier le carrefour giratoire situé à la surface, qui est constamment congestionné aux heures de pointe du matin et de fin de journée, début de soirée, en raison de la concentration sur Pointe-à-Pitre et ses environs de la majorité des activités économiques de l’archipel guadeloupéen, ce qui attire beaucoup les usagers de la route en provenance des communes du Nord Grande-Terre (Morne-à-l’Eau, Le Moule, etc.). De plus, cela permettrait de réduire les nuisances sonores dans les quartiers avoisinant l’axe de la RN5 et proches du centre-ville des Abymes (Providence-Dothémare, Perrin, Boisripeaux), mais aussi la pollution atmosphérique générée par le trafic routier. De plus, cette infrastructure routière sert de prélude à un projet de plus grande envergure qu’est celui dit de la « Medicine Valley », qui s’organisera autour du futur CHUG (Centre Hospitalier Universitaire de la Guadeloupe) et qui comportera une faculté de médecine, des laboratoires de recherche médicale ainsi que des écoles d’infirmiers et de professions médicales. Ce dernier constitue par ailleurs un des axes prioritaires du Plan Régional de Relance, initié, bien entendu, par le Conseil Régional de la Guadeloupe.
Sur le plan du réseau routier régional, la mise en service du Tunnel de Perrin s’inscrit parmi les projets destinés à améliorer le trafic, avec la mise à 2×2 voies de la RN2 entre l’échangeur de Beausoleil à Baie-Mahault et le pont de Bréfort à Lamentin, ainsi que la déviation de La Boucan sur ce même axe, entre Lamentin et Sainte-Rose, qui devraient être réalisés dans le courant du premier semestre de 2021.
https://www.karibinfo.com/index.php/2020/12/15/le-tunnel-de-perrin-les-abymes-sera-inaugure-jeudi/
https://www.karibinfo.com/index.php/2020/12/17/la-region-a-presente-le-nouveau-tunnel-de-perrin/

Des incidents à répétition depuis l’ouverture du tunnel
Le Tunnel de Perrin a été mis en service à la circulation le 17 décembre 2020. Mais peu après son ouverture, un incident est survenu : un autobus fut resté coincé dans le tunnel, car son conducteur a oublié qu’il n’est accessible qu’aux véhicules ayant une hauteur inférieure à 3 mètres ! D’autres incidents de ce même type se sont produits par la suite et ont impliqué des poids lourds ! Tout ceci nous donne l’impression que l’entreprise en charge de la construction de l’infrastructure, de même que Routes de Guadeloupe et le Conseil Régional de la Guadeloupe ont ignoré la hauteur maximale autorisée pour le passage des véhicules ! Elle aurait du être fixée à 2,50 mètres, plutôt que 3 mètres !
https://rci.fm/guadeloupe/infos/Faits-divers/Un-poids-lourd-coince-dans-le-tunnel-de-Perrin#
Autres exemples de tunnels routiers de type PSGR en France et à l’étranger
Le Tunnel de Perrin est le premier PSGR réalisé en Guadeloupe, mais il existe d’autres structures de ce type sur le territoire français (principalement en Métropole), voire à l’étranger. Mais avant d’en dévoiler des exemples, prenons un certain temps pour expliquer ce que sont les PSGR.
Un Passage souterrain à gabarit réduit, kézako ?
Un Passage Souterrain à Gabarit Réduit (PSGR) est un tunnel ayant une longueur généralement comprise entre 500 mètres et une dizaine de kilomètres qui se situe en milieu urbain. Depuis quelques décennies, en France, on a réalisé des infrastructures de ce type, afin de répondre aux difficultés de circulation dans les villes, notamment en région parisienne. La hauteur maximale est comprise entre 2 m et 3,50 m et la vitesse de référence est comprise entre 60 et 80 km/h, ce qui correspond à la vitesse maximale autorisée qui est comprise 50 et 70 km/h.
Différents niveaux d’exploitation des PSGR
Il existe trois niveaux d’exploitation pour les passage souterrains à gabarit réduit :
- Niveau TU1
Il est caractérisé par une surveillance totale, permanente et individuelle de chaque véhicule empruntant le tunnel. Le trafic est entièrement maîtrisé et les accès parfaitement gérés.
- Niveau TU2
Il interdit toute congestion récurrente au trafic dans le tunnel. Pour cela, il faut :
– renforcer la surveillance, mais par rapport aux PSGR du niveau TU1, il est possible de le faire sur plusieurs véhicules empruntant le tunnel ;
– traiter le plus rapidement possible les perturbations liées à un incident technique ou à un accident.
- Niveau TU3
C’est un niveau de performances affecté au trafic situé en surface du tunnel. Il est caractérisé par une surveillance général du réseau routier ainsi qu’une permanence des organisations. Cela est applicable pour tout tunnel urbain.
Classes de gabarit autorisées dans les PSGR
Il existe trois classes de gabarit qui sont autorisées dans les passages souterrains à gabarit réduit et qui donc interdissent l’accès aux tunnels urbains pour certaines catégories de véhicules selon le type, mais surtout, selon leur poids ou leur hauteur.
- Gabarit standard de 2,00 m
Il autorise le passage des véhicules suivants :
– voitures particulières de gammes quelconques (hauteur moyenne de 1,40 m) ;
– véhicules commerciaux basés sur des voitures particulières ;
-fourgonnettes ;
-véhciules de type 4×4 et pick-ups ;
-tout véhicule ayant une largeur moyenne comprise entre 1,65 m et 1,70 m et une largeur maximale de 1,80 m (NB : cette valeur est utilisée dans le dimensionnement du profil en travers).
Il interdit, en revanche, le passage des véhicules suivants :
-fourgons et minibus ;
-camions ;
-autocars et autobus ;
-deux-roues (motorisés ou pas).
En conclusion, un ouvrage de grande longueur ayant un gabarit limité à 2,00 m constitue bien plus qu’une liaison supplémentaire dans le réseau routier.
- Gabarit standard de 2,70 m
Il permet le passage des véhicules suivants :
-véhicules déjà autorisés dans le cas du gabarit standard de 2,00 m ;
-une large majorité des fourgons (ils représentent 30% de l’ensemble des véhicules utilitaires) ;
-une très grande majorité de caravanes ;
-minibus de capacité réduite (jusqu’à 20 personnes maximum et ayant une hauteur maximale de 2,70 m).
Il ne permet pas, en revanche, le passage des véhicules suivants :
-camions ;
-autocars et bus urbains ;
– une grande partie des camping-cars.
Il faut ajouter que le gabarit autorisé de 2,70 m pose problème aux véhicules de secours comme les ambulances ou les camions de lutte contre l’incendie (ces derniers ont une hauteur pouvant atteindre 2,90 m). Seules les petits utilitaires atteignant 2,70 m des haut peuvent y circuler.
- Gabarit standard de 3,50 m
Il admet le passage des véhicules suivants :
-plus de 98% des véhicules immatriculés ainsi que plus de 93% et de 96% des véhicules recensés durant les campagnes de mesure ;
-autocars ayant une hauteur comprise entre 3,20 m et 3,50 m ainsi que l’ensemble des bus urbains ayant une hauteur inférieure à 3,20 m ;
-l’ensemble des véhicules d’intervention médicale recensés ayant un gabarit maximum de 3,30 m de haut (SAMU, SMUR, lutte contre l’incendie).
Il n’admet pas, en revanche, les véhicules suivants :
-poids lourds atteignant une hauteur de 4,00 m ;
-véhicules dont la largeur dépasse 2,50 m.
On peut noter que le gabarit standard de 3,50 m est parfaitement adapté au milieu urbain, puisqu’il permet la circulation des véhicules d’urgence, mais aussi des bus et des autocars.
Exemples de tunnels de type PSGR réalisés en France Métropolitaine
Région parisienne

Voirie souterraine des Halles de Paris (Paris 1er arrondissement – 75)
-Longueur des tunnels : 4,2 km ;
-Date de conception du projet : 1969 ;
-Date de mise en service des différents tunnels : 1978-86 ;
-Date de fermeture du Tunnel Nord-Sud, de l’entrée du Pont Neuf et des sorties Rue Berger et Rue des Halles : 2011-15 (piétonisation du quartier);
-Date de fermeture de l’entrée Rue Coquillière : octobre 2015.
https://routes.fandom.com/wiki/Voirie_souterraine_des_Halles_(75)



Duplex A86 (Hauts-de-Seine – 92/Yvelines – 78)
-Longueur : 10,5 km (c’est le plus long tunnel routier entièrement situé sur le territoire français) ;
-Hauteur : 2 m ;
-Diamètre : 10,4 m ;
-Nombre de tubes : 2 (deux sens superposés) ;
-Nombre de voies : 2×2 ;
-Présence d’un péage : Oui ;
-Période de construction : 2000-09 ;
-Date de mise en service : 2009-11.
Ce tunnel correspond donc au gabarit du premier niveau.
https://routes.fandom.com/wiki/Duplex_A86?so=search
- Province

Tunnel du Quai Bellevue (Lyon/Caluire-et-Cuire – 69)
-Longueur : 550 m ;
-Hauteur : 4,1 m ;
-Nombre de voies : 2 ;
-Nombre de tubes : 1 ;
-Date de mise en service : 1999
Ce tunnel correspond donc plus ou moins au gabarit du troisième niveau (3,50 m de haut).
https://routes.fandom.com/wiki/Quai_et_Tunnel_Bellevue

Tunnel Prado-Carénage (Marseille – 13)
-Longueur : 2,45 km ;
-Nombre de voies : 2×2 ;
-Nombre de tubes : 1 (2 niveaux superposés) ;
-Présence d’un péage : Oui :
-Date de construction : 1991-93 ;
-Date de mise en service : 18 septembre 1993 ;
-Coût du péage : 2,80 euros
https://routes.fandom.com/wiki/Tunnel_Prado-Car%C3%A9nage?so=search

Tunnel de la Major (également connu comme le Tunnel de la Joliette, Marseille – 13)
-Longueur : 1,41 km ;
-Nombre de voies : 2 ;
-Nombre de tubes : 1 (unidirectionnel) ;
-Date de construction : 1992-2000 ;
-Date de mise en service : 1994-2002
https://routes.fandom.com/wiki/Tunnel_de_la_Major


Tunnel du Paillon (La Trinité – 06)
-Longueur : 404 m ;
-Nombre de voies : 3 ;
-Nombre de tubes : 1 ;
-Date de mise en service : 30 octobre 1985
https://routes.fandom.com/wiki/Tunnel_du_Paillon

Tunnel « Courier » (Annecy – 74)
-Longueur : 590 m (Tube Est-Ouest) et 380 m (Tube Ouest-Est) ;
-Nombre de tubes : 2 ;
-Nombre de voies : 2×2 voies ;
-Date de mise en service : 2001

Tunnel Jenner (Le Havre – 76)
-Longueur : 860 m ;
-Nombre de voies : 2×1 ;
-Nombre de tubes : 3
-Présence d’un péage : Non ;
-Date de construction : 1939, puis 1942-44 et 1947-55 ;
-Date de mise en service : 1955.
https://routes.fandom.com/wiki/Tunnel_Jenner
Exemples de tunnels de type PSGR réalisés à l’étranger
Les tunnels routiers urbains de type PSGR ne sont pas exclusifs à la France. Il en existe également à l’international. En voici quelques uns, avec leurs distances respectives et leurs dates de construction (ou d’inauguration et de mise en service) :
- Tunnel du Port de Dublin (Irlande) : 4,5 km de long, inauguration le 20 décembre 2006 et mise en service le 28 janvier 2007 ;

- Tunnel Södra Länken (Stockholm, Suède) : 4,5 km de long (distance similaire au Tunnel du Port de Dublin), construit entre 1997 et 2004 ;

- Tunnel Lefortovo (Moscou, Russie) : 3,2 km de long, 2 tubes unidirectionnels, 2 voies par tube, date de construction : 2001-03, mise en service : décembre 2003 ;

- Tunnel Giovanni XXIII (Rome, Italie) : 2,9 km de long, 2 voies par tube, date de début de la construction : octobre 2001 ; mise en service : 22 décembre 2004 ;

- Tunnel Annie Cordy (anciennement Léopold II – Bruxelles, Belgique) : 2,7 km de long, 1 tube, 4 voies par tube, début des travaux : 1982, mise en service : 31 août 1986 ;

- Tunnel Belliard (également connu sous le nom de Tunnel de Kortenberg – Bruxelles, Belgique) : 2,1 km de long, dates de mise en service : 1980 et 1993 ;

- Tunnel des Facultés (Alger, Algérie) : 120 m de long, 1 tube, 4 voies par tube, date de mise en service : 1948.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Tunnel_urbain
Conclusion
Après avoir étudié les différentes catégories de gabarit maximum des tunnels de type PSGR, nous avons pu constater que le Tunnel de Perrin se situe entre les 2e et 3e niveaux, vu que son gabarit maximum est de 3,00 m de haut. A l’heure actuelle, un autre tunnel de ce type est en train de voir le jour au niveau de l’échangeur de La Jaille à Baie-Mahault, sur la nouvelle bretelle ralliant les RN11 et RN1, afin de permettre aux automobilistes en provenance de l’Aéroport International Guadeloupe Pôle Caraïbes, des Abymes et du Nord Grande-Terre de pouvoir se rendre sur la Basse-Terre sans passer par le carrefour giratoire menant vers la Zone Industrialo-commercialo-portuaire de Jarry, le Camp militaire Dugommier ou Pointe-à-Pitre et devrait être achevé pour 2023. (https://wordpress.com/post/urbanistiquement-parlant.com/1974) Un autre PSGR pourrait également voir le jour dans le secteur de Vincent/Caféière à Lamentin sur la RN2 (ralliant Pointe-à-Pitre à Deshaies) afin d’y fludifier le trafic, mais aussi renforcer la sécurité dans ce dernier.
Par Anthony Bassien-Capsa, le 27 Mai 2022