
Introduction
L’exemple du projet de TCSP actuellement en cours de chantier dans l’agglomération de Fort-de-France (Martinique) a inspiré d’autres régions d’Outre-Mer a faire un projet de ce type. La Guyane en fait partie, puisque la Communauté d’Agglomératon du Centre Littoral (CACL), structure intercommunale regroupant 6 communes de ce DOM, dont le chef-lieu, Cayenne, a lancé un plan destiné à améliorer le transport sur son territoire. Celui-ci constitue une véritable ambition pour cette structure intercommunale d’Outre-Mer, notamment pour la fluidité de la circulation sur les routes, ainsi que pour la desserte des différents secteurs du territoire intercommunale et la création d’emplois que cela pourrait générer.
Voir l’article sur le TCSP de Martinique : https://urbparl.wordpress.com/wp-admin/post.php?post=1037&action=edit&message=10
Présentation du projet (origines et objectifs)
La Communauté d’Agglomération du Centre Littoral (CACL), première structure intercommunale de la Guyane Française avec plus de 117 000 habitants regroupe la préfecture de ce département français d’Outre-Mer, Cayenne, ainsi que les communes environnantes que sont Macouria, Matoury, Montsinéry-Tonnegrande, Roura et Rémire-Montjoly. Elle a été créée à l’origine, le 9 juin 1997, en tant que la Communauté de Communes du Centre Littoral (CCCL). La structure est devenue l’actuelle communauté d’agglomération le 1er janvier 2012. Elle gère bon nombre de choses, dont l’aménagement du territoire, le développement économique et le transport urbain et scolaire.

La CACL s’est donnée pour mission d’améliorer la couverture de son réseau de transport tout en opérant une extension, la création de nouvelles lignes destinées à équilibrer la desserte du territoire de l’intercommunalité en transports en commun, ainsi que la mise en place d’un Transport en Commun en Site Propre (TCSP) qui doit inclure un Bus à Haut Niveau de Service (BHNS). Celui-ci devrait faciliter la circulation des autobus dans les zones embouteillées et également renforcer l’attractivité de l’offre de transport notamment pour les personnes à mobilité réduite.

En 2011, on dénombrait (en dehors du transport scolaire) plus de 3 millions de voyages annuels sur les lignes d’autobus urbains et périurbains desservant Cayenne et ses communes périphériques, 12 400 voyageurs utilisant les transports en commun chaque jour et plus de 2 millions de kilomètres parcourus annuellement. On peut constater que le réseau de transport sur le territoire de la CACL est en constante croissance.
Par le biais des délibérations No. 66a/2013/CACL et No. 86/2013/CACL les élus de la plus importante structure intercommunale de Guyane ont voté massivement le projet de TCSP que la collectivité porterait à l’appel à projets Transports Collectifs et Mobilité Durable lancé par l’État français le 7 mai 2013. Le dossier de candidature de la CACL a été déposé le 13 septembre de cette même année à la Préfecture de la Région Guyane et il présente la première phase du projet du TCSP de la Guyane qui sera achevée sur son territoire vers 2020.
Le futur BHNS joue un rôle primordial sur le territoire de la Communauté d’Agglomération du Centre Littoral (CACL), car il permet de désenclaver les quartiers dits « prioritaires » de la politique de la ville, les grands ensembles, les zones de Résorption de l’Habitat Insalubre (RHI), mais aussi de relier les zones d’aménagement et les équipements majeurs existants et futurs du territoire et surtout de desservir plus de 60 000 emplois, écoliers et habitants dans le corridor de 500 mètres du tracé des lignes. Il faut également noter que ces 10,7 kilomètres de réseau (longueur totale estimée) du TCSP de Guyane permettront, dès 2020 (date de mise en service du TCSP) de transporter plus de 16 000 voyageurs quotidiennement entre le secteur Maringouins et celui de Mont-Lucas avec une fréquence toutes les 10 minutes et toutes les 5 minutes sur un tronc commun. La capacité pourra être renforcée avec une fréquence plus marquée (toutes les 3 minutes) pouvant atteindre les 60 000 voyageurs par jour.

Grandes lignes du projet
Description du projet
Le projet du TCSP de Guyane consiste à créer deux lignes de BHNS partant de la Place des Palmistes, au centre-ville de Cayenne. La première (ligne A) ralliera le centre de Cayenne au rond-point des Maringouins, au sud de la capitale guyanaise, tandis que la deuxième le ralliera au quartier de Mont-Lucas dans l’est de la ville. À plus long terme,
Le projet sera réalisé en 3 phases sur une période d’environ 15 ans (de 2016 à 2030) :
- Phase 1 (2016-2020) : Création de 2 lignes de BHNS partant de la place des Palmistes (centre-ville de Cayenne) vers les terminus du rond-point des Maringouins et de Mont-Lucas
- Phase 2 (2020-2025) : Première extension du réseau jusqu’à Rémire-Montjoly
- Phase 3 (2025-2030) : Mise en service des 20 kilomètres de BHNS.

Caractéristiques du projet
Les caractéristiques du TCSP de Guyane sont les suivantes :
- 21 stations accessibles aux Personnes à Mobilité Réduite (PMR) ;
- 10,7 km de long pour le tracé en « site propre » ;
- 2 lignes de BHNS : une ligne A (13 stations pour environ 5,9 km de long) et une ligne B (12 stations pour 5,8 km de long) avec un tronc commun de 1,4 km de long et 4 stations au centre-ville de Cayenne ;
- 1 interstation moyenne de 530 m ;
- 12 bus hybrides d’une capacité minimale de 110 places assises ;
- 1 investissement total du projet HT de 124.9 millions d’euros (valeur de 2012) ;
- Plan de financement du projet en valeurs de 2020 :
– Dépenses d’investissement (en millions d’euros) financées par la Région Guyane : 144, 24 ;
– VT affecté au financement des investissements (en millions d’euros) : 12, 78 ;
– Emprunt (en millions d’euros) : 53,08 ;
– Subventions (en millions d’euros) : 56,05 ;
– FCTVA (en millions d’euros) : 22,33.

Composantes et conditions d’exploitation du système de BHNS de la CACL
Infrastructure
Le projet prévoit l’insertion d’un site propre double BHNS sur l’ensemble de l’itinéraire tout en évitant au maximum les sections banalisées que l’on retrouve uniquement dans des zones de 300 m. Son infrastructure présente les caractéristiques suivantes :
- Le BHNS circulera sur un site propre en position axiale, bilatérale ou unilatérale selon les contraintes rencontrées sur le long du tracé ;
- Une piste cyclable et des voies piétonnes seront intégrés sur l’ensemble du site propre sur les tronçons de voie nouvelle ;
- La traversée des carrefours donnera la priorité au franchissement du BHNS ;
- La largeur du site propre est de 7 m en dehors des bordures ou des séparateurs ;
- Les différentes stations du futur BHNS seront implantées sur 2,5 m de large minimum et sur 20 m de long ;
- Enfin, le traitement de façade à façade sera réalisé, sauf si le projet serait inséré dans un projet d’aménagement (comme les PDRU de l’agglomération cayennaise ou la ZAC Hibiscus notamment).

Conditions d’exploitation
Les deux lignes du BHNS de la Communauté d’Agglomération Centre Littoral seront exploitées à un intervalle de 10 minutes durant les heures de pointe. Elles circuleront en site propre et auront la priorité de passage aux feux. Ces aménagements permettront au BHNS de jouir :
- d’une vitesse commerciale performante de l’ordre de 20 km/h sur les deux lignes ;
- d’une régularité assurée quel que soit l’état du trafic routier.
L’amplitude du services des lignes A et B sera capable de répondre aux habitudes de déplacements des habitants de la CACL, mais aussi leur permettra de faire leurs achats et leurs loisirs tout en utilisant le transport collectif, y compris le soir et le week-end.
Le projet prévoit enfin, la mise en place d’informations pour les voyageurs et un système d’aide à l’exploitation (SAEIV). Pour ce qui est des titres de transports, ils seront vendus par les modes suivants :
- par distributeurs automatiques dans chaque station ainsi que dans les 2 pôles d’échanges ;
- et dans les commerces dépositaires des titres de transport du réseau communautaire.
Ce dispositif permettra de recharger des cartes, des clés USB, ou d’autres supports de communication en champ proche (NFC et billets sans contact) qui seront donc mis en place. Un système billettique aura effectivement été développé sur le réseau CACL pour la mise en service des 2 lignes de BHNS.

Le TCSP de Guyane dans son environnement et sa place au sein du territoire de la Communauté d’Agglomération Centre Littoral (CACL)
Une stratégie de mobilité dans l’espace urbain
L’agglomération de Cayenne (qui correspond au territoire de la Communauté d’Agglomération Centre Littoral) est la première de Guyane sur le plan démographique, puisqu’elle concentre les 3/4 de la population de ce département français d’Outre-Mer sur son territoire et plus particulièrement dans les communes de Cayenne, de Matoury et de Rémire-Montjoly qui constituent d’ailleurs le cœur du territoire de la structure intercommunale. De plus, le territoire de Cayenne intra-muros concentre également la majorité des emplois et des équipements et historiquement parlant, la ville de considérée comme le principal pôle de développement urbain en Guyane.

Il faut cependant noter que depuis quelques décennies, un mouvement de desserrement urbain s’opère tout en étant alimenté par de fortes contraintes hydrauliques limitant les espaces urbanisables au sein de l’île de Cayenne. On observe justement d’importants flux quotidiens orientés vers le cœur de l’agglomération cayennaise, ce qui génère une énorme congestion routière sur un réseau viaire souffrant d’une capacité limitée, ainsi que d’un faible maillage. Il faut ajouter que par ailleurs, le centre ancien de Cayenne doit faire face à un sentiment d’abandon dûs au développement sauvage de l’habitat insalubre et à la dégradation du bâti, ce qui oblige les pouvoirs publics à mettre des projets de requalification urbaine qui doivent être renforcés.
Étant donné que le territoire de la CACL se retrouve confronté à des perspectives de développement démographiques hors du commun (notamment le fait qu’il y a eu une augmentation de plus de 70 000 habitants en l’espace de 15 ans), les élus cherchent à tout prix à empêcher le développement du modèle de l’étalement urbain (déjà considéré comme une problématique à travers le monde, et plus particulièrement en Amérique du Nord) sur leur territoire, d’autant plus que ce dernier est alimenté par la logique du « tout-voiture ». Tout en se basant sur des expériences relevées dans d’autres régions d’outre-mer (notamment aux Antilles), ainsi que dans celles de France métropolitaine, les élus de Guyane ont décidé qu’il faudrait organiser et renforcer le réseau de transport collectif afin de répondre aux enjeux sociaux et énergétiques du futur et de dynamiser l’intensité urbaine du cœur de l’agglomération cayennaise.
Le projet de BHNS est placé au cœur de cette démarche, puisque son tracé doit s’inscrire au sein des secteurs de densification urbaine de l’île de Cayenne. D’autres projets de grande envergure sont actuellement réalisées autour de cet axe, et d’autres le seront dans les années à venir. Le TCSP constituera ainsi un lien fort et structurant entre les principaux pôles de l’agglomération cayennaise. Il s’insérera en effet aux différents projets et leur servira non seulement de levier pour leur développement, mais également un outil de cohésion territoriale entre les zones denses du territoire de la CACL. De plus, il représentera un formidable outil de requalification urbaine pour le centre-ville de Cayenne.
Une volonté de désenclaver les quartiers dits « de la Politique de la Ville » par le transport en commun et d’assurer une desserte de nombreux équipements
Le futur BHNS aura pour objectif de desservir la quasi-totalité des quartiers dits « de la politique de la ville » et d’autres quartiers de type d’habitat social de la région cayennaise comme :
- L’ensemble des secteurs du PRU (Projet de Rénovation Urbaine) de Cayenne, qui sont situés au centre-ville, dans les faubourgs (Cité Mirza, Quartier N’Zila et Faubourg l’Abri), ainsi que sur le long de la RD 17 (le quartier Uranus) qui dessert le chef-lieu de la Guyane. Notons que ces secteurs sont classés ZUS (Zone Urbaine Sensible) ;
- Les quartiers de RHI (Résorption de l’Habitat Insalubre) d’Eau Lisette, de Mont Baduel de Mango, etc. ;
- Les quartiers de Cabassou, Bonhomme, Mont-Lucas, Stanislas, etc. ;
- L’important quartier de Novaparc ;
- Enfin, les ensembles d’habitat social du centre-ville de Cayenne (cités Pasteur, Châtenay, Coulée d’Or, Grande Consoudre, Jardin du Collège ou Florilège).
Les lignes A et B du BHNS assureront un meilleur accès aux plus grand équipements de l’agglomération de Cayenne (administrations, hôpitaux, université, etc.).
Ces 2 lignes permettront également une desserte de 9 collèges et lycées (regroupant plus de 16 000 élèves), ainsi que le Pôle Universitaire Guyanais (PUG) regroupant l’université, le rectorat de Guyane, l’IUFM (Institut Universitaire de Formation des Maîtres) et l’Institut de Formation au Sport (IFS). Elles desserviront en outre dans un périmètre de 500 mètres plus de 20 000 emplois.

Un développement de l’intermodalité et une valorisation du report modal
Avec l’arrivée du BHNS, plusieurs actions seront mises en place dans le but de développer l’intermodalité, mais aussi de réorganiser le système de transports au sein de l’agglomération cayennaise. Cette réorganisation se caractérisera par les choses suivantes :
- Restructuration, développement et coordination des réseaux urbains et périurbains afin d’accroître leur part de marché ;
- Création de pistes cyclables et de trottoirs, en supplément au TCSP pour faciliter le rabattement sur les stations et soutenir simultanément la bonne pratique actuelle des modes actifs (marche à pied, vélo) ;
- Création d’un parking-relais (de type P+R) de 200 places au pôle d’échanges multimodal (PEM) des Maringouins. Il pourra recevoir les flux importants en provenance de Matoury, commune limitrophe de Cayenne, et ceux en provenance des communes de la seconde couronne que sont Roura, Macouria et Montsinéry-Tonnegrande ;
- Gestion du stationnement dans le centre de Cayenne intra-muros avec une mise en place de zones payantes ;
- Enfin, lancement par la CACL d’actions à des actifs (promotion des PDA/PDE) et des scolaires (opération est du Pédibus menée en octobre 2013, dans le cadre de son plan de déplacement urbain.
On estime à 27% le report modal de la voiture individuelle vers les transports collectifs (il s’agit ici du taux d’usagers des transports en commun ayant emprunté une voiture auparavant).

Un moyen de réponse en terme de qualité et d’attractivité du service
Assurer une bonne performance aux futures lignes du BHNS de la CACL, ainsi qu’une haute qualité de service a été l’objectif menant aux réflexions de conception du projet à travers les idées suivantes :
- Une infrastructure dédiée au système de transport ;
- Une offre de service de qualité (régularité, fréquence, amplitude, information voyageur, accessibilité
- Un matériel roulant moderne.
On peut constater qu’il s’agit, là, d’un saut considérable en termes d’offres par rapport à l’existant, de façon à créer une rupture dans l’image et l’utilisation des transports en commun, vu que le contexte démographique est fortement favorable à ces derniers (50% de la population de la région de Cayenne a moins de 25 ans, alors que le taux de motorisation est inférieur à 1).
L’ampleur du TCSP de Guyane sur la cohésion sociale et territoriale
Une tarification sociale et solidaire
Dans le but de favoriser l’accès au transport à l’ensemble de la population de l’agglomération de Cayenne et de l’inciter à utiliser les transports en commun su son territoire, la CACL s’est donnée pour mission de définir une véritable politique tarifaire dans le cadre de son PDU (Plan de Développement Urbain). La structure intercommunale affirme ici sa volonté de mettre en place une grille tarifaire comportant un large panel de titres des abonnements plus adaptés aux usages, tout en élargissant la tarification sociale et solidaire en vigueur depuis 2012 en faveur des jeunes et des étudiants par rapport à d’autres types de clients.
Des mesures en faveur de l’insertion professionnelle dans le cadre du chantier et de l’exploitation
La CACL intégrera une clause d’insertion dans les marchés de travaux du projet, puisque les entreprises attributaires pourront s’appuyer sur des structures locales en faveur de l’insertion, comme c’est le cas par exemple du Groupement d’Employeurs pour l’Insertion et la Qualification du BTP de la Guyane (GIEQ BTP Guyane) qui leur attribuera des personnels en situation d’insertion.
L’expérience des projets de rénovation urbaine démontre que ces clauses sont très adaptées au contexte guyanais, puisque cela permet d’atteindre des taux de 15% d’emplois en insertion sociale.
La CACL poursuivra par ailleurs sa politique d’insertion sociale par l’emploi dans les missions d’exploitation du réseau, telle que mise en œuvre depuis 2013 sur le périmètre de la régie communautaire.
Un respect de la qualité de l’air et de l’environnement
D’après les mesures effectuées par la station de mesure de Cayenne de l’Observatoire Régional de l’Air (ORA) de Guyane, les émissions de particules dues au trafic routier ont tendance à s’intensifier en périodes scolaires, lorsque les déplacements supplémentaires alimentés par les trajets domicile-étude rendent la circulation automobile plus dense.
La mise en service du BHNS favorisera une diminution de la sensibilité du territoire aux émissions de particules polluantes liées à la circulation automobile, tout en encourageant le report modal de la voiture vers les transports collectifs. Ceci sera renforcé par le choix de la collectivité de s’équiper de bus hybrides thermiques/électriques qui réduisent la consommation en carburant, de même que les émissions qui lui sont associées.
Le bilan du projet implique une économie de 3 359 tonnes équivalentes au CO2 sur une année et de 103 287 tonnes équivalentes au CO2 sur une période d’évaluation de 30 ans.
Un projet financièrement souhaitable
L’analyse de la soutenabilité financière se fait à travers deux ratios que sont la subvention d’équilibre et la capacité de désendettement.
Il faut par ailleurs noter que dans le contexte particulier du récent passage en communauté d’agglomération et de la réorganisation des réseaux qui s’en est suivie, la prospective financière a été établie sur la base de deux scénarios d’évolution de l’offre périurbaine dans lesquels il est question de l’augmentation de l’offre urbaine. Ces 2 scénarios sont la subvention d’équilibre et la capacité de désendettement.
Dans le cas de la subvention d’équilibre, le financement de la compétence transport par le budget principal s’est élevé à :
– 4,72 millions d’euros en 2013
– 6,39 millions d’euros en 2014
En 2015, il s’élève à 4,68 millions d’euros. On estime qu’il sera de 4,93 millions d’euros en 2016, puis 4 millions d’euros en 2017 et 2018, 5,17 millions en 2019 et enfin, 4 millions d’euros en 2020. Concernant sa croissance, qui s’est opérée en 2014, est due à la restructuration du réseau. Pour les années à venir, on prévoit que la hausse du taux de VT permettra de réduire ce besoin de financement, puisqu’on pense qu’en 2019 et 2020, le remboursement de la dette commencera à produire ses effets tout en générant une charge couverte par les hausses de VT (le taux de 2020 est estimé à 2%).
En suivant cette hypothèse, on peut dire que la contribution du BP en 2020 et au-delà sera plus faible qu’actuellement, sachant qu’elle a été fixée à 4 millions d’euros minimum, ce qui permet d’affecter une part du VT sur l’investissement.
Après 2020, la projection des charges et des recettes conduira à une subvention d’équilibre restant au plancher défini (ceci permettra effectivement de conserver une CAF pour les investissements courants). On parle d’un financement de 4,60 millions d’euros à l’horizon 2040.
En ce qui concerne la capacité de désendettement, elle rapporte l’encours de dette à l’épargne brute : c’est un indicateur utilisé par les prêteurs. Dans le cas de la CACL, on estime que la capacité de désendettement augmentera dans les environs des 20 millions d’euros en 2018-19, avant de redescendre vers des coûts standards jugés raisonnables et classiques (aux alentours des 10 millions d’euros) en 2020.
En résumé, il s’avère finalement que la soutenabilité financière soit assurée. Il contribue parallèlement à modérer les charges d’exploitation du réseau ( toutes choses égales par ailleurs) et également à dégager des recettes commerciales et fiscales complémentaires qui sont essentielles à l’équilibre de la politique ambitieuse de transport durable de l’agglomération de Cayenne.
Indicateurs du projet
Niveau de service à l’usager
- Les fréquences journalières selon les périodes (heures de pointe et heures creuses) sont les suivantes :
– 10 minutes en heure de pointe ;
– 20 minutes en heure creuse, le jour ;
– 30 minutes en heure creuse, la nuit.
- Les amplitudes horaires à chaque période sont les suivantes :
– 19 heures, du lundi au vendredi ;
– 18 heures, le samedi et le dimanche.
- Le temps de parcours et la vitesse commerciale moyenne attendus sont :
– pour la ligne A : 18 minutes, soit une vitesse commerciale de 19 km/h ;
– pour la ligne B : 18 minutes, soit une vitesse commerciale de 20 km/h.
- Pour ce qui est de la régularité, de la ponctualité, du confort et de l’accessibilité, on peut noter les caractéristiques suivantes :
– une offre de déplacement ponctuelle, performante et régulière ;
– un système de transport confortable et accessible ;
– un matériel renouvelé, accessible et moderne.
Clientèle potentielle, trafic attendu et niveau de desserte
Voici des estimations concernant la population, les emplois et les écoliers qui seront liés à l’utilisation du futur TCSP de Guyane en 2020 :
- 20 400 emplois ;
- 25 500 habitants ;
- 16 000 écoliers;
- Total : 62 000.
Pour ce qui est du trafic attendu sur le tronçon le plus chargé en heure de pointe durant l’année de la mise en service du TCSP (soit 2020, pour un jour ouvrable moyen), les estimations sont les suivantes :
- Ligne A : 550 voyageurs/h/sens;
- Ligne B : 400 voyageurs/h/sens ;
- Tronc commun : 870 voyageurs/h/sens.
On estime à 16 300 voyageurs/jour le trafic quotidien attendu pour un jour ouvrable moyen au moment de la mise en service du TCSP de la CACL en 2020 pour chacune des 2 lignes, ainsi qu’à 24 700 voyageurs/jour sur l’ensemble du réseau à cette même date.
Ratios financiers
- On estime que le ratio R/D (recherche et développement) avant la mise en service du réseau de BHNS de la CACL prévue en 2020 augmentera de 31 à 33% sur la période 2013-2019 et qu’il augmentera à sa mise en service en 2020, puisqu’il serait de 36%.
- Capital emprunté et investissement : on estime à 38% ce que représenterait la part d’emprunt dans le coût de l’investissement HT. En l’absence de subvention du troisième appel à projet, le ratio passerait à 48%.
- Le ratio R/D de la ligne est estimé à 72%
- Le taux de versement au transport connaîtra une augmentation constante : de 0,50% en 2004, il passera à 2% en 2020.
- Si on le simule au taux de 1%, le versement total (VT) / habitant du PTU serait estimé à 4,5 millions d’euros au moment de la mise en service du TCSP en 2020, soit 30,55 euros par habitant.
- Il coûtera 38 euros l’investissement par passager supplémentaire. Il faut noter qu’en matière de coût d’investissement, le contexte économique de la Guyane caractérisé par les coûts onéreux d’importation des matières premières, ainsi que la taille étroite du marché qui s’élèvent à +27% sur l’ensemble du projet, et ce, en dépit du fait que les aménagements aient été définis avec des niveaux de prestation raisonnables, puisqu’en raison de ce contexte, le prix au kilomètre est par conséquent élevé. On peut voir que par exemple, le prix de l’enrobé (à la tonne) est quatre fois plus élevé qu’en France métropolitaine.
- Enfin, le surcoût de l’exploitation du réseau, ainsi que les recettes supplémentaires sur ce dernier sont considérées comme des éléments non pertinents, car les charges diminuent du fait du BHNS par l’effet induit sur la restructuration du réseau urbain.
Bilan socio-économique
Le bilan socio-économique du projet de BHNS dans l’agglomération cayennaise est le suivant :
- Le bénéfice actualisé s’élève à 267 220 000 euros ;
- Le bénéfice actualisé par euro investi est de 1,72 euro ;
- Le taux de rentabilité immédiate est de 15,8% ;
- Enfin, le taux de rentabilité interne est estimé à 13,6%.
Impact sur l’environnement
Quant à l’impact du projet de TCSP de la CACL, les caractéristiques sont les suivantes :
- Le taux de report modal (c’est-à-dire le pourcentage des usagers du TCSP ayant utilisé auparavant une voiture individuelle) est estimé à 27% ;
- Enfin, on estime à 3 359 tonnes équivalant CO2 par an la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES).
Partenariat pour la réalisation du TCSP de Guyane
Le futur TCSP de la Guyane Française est un projet d’aménagement urbain et de transport collectif concerté et partagé par différents organismes, aussi bien publics que privés.
Logo de la CACL
La Communauté d’Agglomération Centre Littoral (CACL) et ses communes membres
La Communauté d’Agglomération Centre Littoral regroupe 6 communes que sont :
- Cayenne, chef-lieu de ce département et de cette région d’Outre-Mer (population 2010 : 55 753 habitants ; superficie : 23,6 km²) ;
- Macouria (population 2010 : 9 640 habitants ; superficie : 377,5 km²) ;
- Matoury (population 2010 : 28 110 habitants ; superficie : 137,2 km²) ;
- Montsinéry-Tonnegrande (population 2010 : 2 217 habitants ; superficie : 600 km²) ;
- Rémire-Montjoly (population 2010 : 19 279 habitants ; superficie : 46,1 km²) ;
- Roura (population 2010 : 2 601 habitants ; superficie : 3 902,5 km²)
- Population totale du territoire de la CACL : 117 600 habitants
- Superficie totale du territoire de la CACL : 5 086, 9 km².
L’île de Cayenne est partagée par 3 communes que sont Cayenne, Matoury et Rémire-Montjoly. Cette dernière constitue le cœur de l’agglomération qui concentre la majorité de la population de la communauté d’agglomération sur 1% de son territoire.
Les 3 autres communes constituant la CACL sont plus excentrées et moins peuplées. Au nord-ouest de Cayenne, la commune de Macouria a un caractère périurbain, alors que les communes de Montsinéry-Tonnegrande et de Roura sont à dominante rurale.
Depuis le 1er janvier 2012, la CACL est devenue compétente en matière de transport, puisqu’elle a le statut d’AOTU (Autorité Organisatrice des Transports Urbains), chargé de gérer les transports sur son territoire. Cet organisme a récupéré les réseaux issus des anciennes autorités organisatrices de l’agglomération cayennaise que sont :
- Le réseau urbain qui fut la responsabilité du Syndicat Mixte des Transports de Cayenne et qui regroupait la Ville de Cayenne et le Conseil Général de la Guyane est exploité en régie ;
- Le réseau périurbain hérité du Conseil Général est exploité en DSP (Délégation de Service Public) ;
- Le réseau scolaire, également hérité du Conseil Général est exploité par le biais des marchés publics.
En tant qu’AOTU de plus de 100 000 habitants, la CACL bénéficie depuis 2012 du versement transport, à un taux s’élevant à 0,55%. Notons que la structure intercommunale est également compétente à titre exclusif en matière de production et de gestion de l’eau potable, pour l’assainissement des eaux usées, ainsi que pour le traitement et l’élimination des déchets. Elle est aussi compétente, mais de manière partagée, en matière d’aménagement de l’espace et de développement économique, d’habitat et de politique de la Ville, d’eaux pluviales et de voirie, de fourrière animale et équipements funéraires, ainsi que de sport et de culture.
Les communes de la CACL sont donc des partenaires privilégiés du projet, en raison du lien avec les questions d’urbanisme, de leur qualité de gestionnaire de voirie et des interfaces plus globales avec les projets qu’elles ont mis en place. On peut constater que dans le cas du projet du BHNS, il a été mis en cohérence avec les objectifs du programme de rénovation urbaine de Cayenne, ce qui a pour effet de renforcer ses effets ainsi que sa portée.
Logo du Gouvernement Français
L’État
L’État français est un partenaire ainsi qu’un acteur majeur dans les projets de mobilité de la CACL à travers les actions de la Direction de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DEAL) de Guyane, qui a pour mission d’accompagner les acteurs territoriaux de la région dans la définition et dans la mise en œuvre de leurs projets de mobilité, tout en étant gestionnaire.
Il faut ajouter que la DEAL joue un rôle central notamment à travers le Plan Global des Transports et des Déplacements (PGTD) de la Guyane, qu’elle a co-piloté avec la Région et le Département de Guyane dès 2011, en lien avec toutes les collectivités territoriales de cette terre française d’Outre-Mer. Le document a dressé un état des lieux des conditions de mobilité sur le territoire guyanais et a également établi un diagnostic des infrastructures de transport, tout en évaluant les politiques régionales en matière de mobilité.
Le PGTD, enfin, a une vocation programmatique, puisqu’il définit les priorités en matière d’investissement dans le domaine des transports jusqu’à l’horizon 2025. L’élaboration du document a permis des avancées notables dans la construction d’une vision des enjeux de mobilité sur le territoire de la CACL, ce qui constitue une étape déterminante maturation pour le projet de TCSP dans l’agglomération de Cayenne.

La Région Guyane
La Région Guyane a obtenu une compétence depuis l’entrée en vigueur de l’acte II de la décentralisation de 1982 en matière de développement économique, d’aménagement du territoire, d’éducation, de formation professionnelle, de culture et de santé.
Le conseil régional est considéré comme un acteur important par rapport aux prescriptions qu’elle fixe en matière d’aménagement et de transport, respectivement à travers le Schéma d’Aménagement Régional (SAR), actuellement en cours de révision, et le Schéma Régional des Transports (SRT) qui doit être révisé prochainement tout en prenant compte des préconisations du PGTD.
Il faut également noter que la Région Guyane finance par ailleurs de nombreux projets aussi bien routiers que ceux liés aux transports collectifs en vue d’améliorer les conditions de mobilité sur son territoire, d’autant plus que la collectivité régionale est le chef de file pour les processus d’obtention et de gestion des fonds européens.

Le Conseil Général de Guyane
La collectivité départementale est partenaire du projet à premier titre en tant qu’autorité chargée de la gestion du réseau routier départemental, sur lequel le projet du BHNS de l’agglomération de Cayenne sera aménagé, notamment sur des axes structurants comme la RD 17 ou la RD 18 sur le territoire de Cayenne intra-muros.
Logo de la Collectivité Territoriale de Guyane (CTG), qui a succédé aux anciens Conseil Régional et Général en mars 2014
Il faut également noter que le Conseil Général de Guyane est un acteur incontournable dans les politiques en matière de mobilité sur l’ensemble du département, et plus particulièrement sur le territoire de la Communauté d’Agglomération du Centre Littoral. Jusqu’à sa fusion avec le Conseil Régional de Guyane qui s’est opérée en mars 2014 (actée par la loi numéro 2011-884 du 27 juillet 2011) , il fut l’autorité gérant les transports interurbains dans ce département français d’Amérique (DFA), et avait également la charge des transports périurbains et scolaires avant la création de la CACL en 2012, qui a depuis pris la gestion de ces derniers. Depuis cette fusion entre le conseil général et le conseil régional, la collectivité territoriale unique de Guyane est compétente dans l’ensemble des champs de ces derniers et dispose ainsi d’un budget de ressources équivalent à ceux des deux anciennes collectivités.
Les aménageurs
Plusieurs aménageurs œuvrent sur l’île de Cayenne dans le cadre de projets urbains, dont certains d’entre eux sont en rapport avec le projet du TCSP de Guyane. Ces derniers sont considérés comme d’importants interlocuteurs pour le bon déroulement des différentes phases du projet. Parmi ces aménageurs oeuvrant sur ces projets on retrouve :

- L’Établissement Public d’Aménagement de la Guyane (EPAG) : aménageur de l’État oeuvrant sur le territoire guyanais, cet organisme a comme responsabilités l’aménagement de terrains, principalement pour le logement, mais également d’assurer le portage du foncier pour la réalisation de ses missions ou pour le compte des collectivités territoriales ou locales.

- La Société Immobilière de la Guyane (SIGUY) : premier bailleur social de Guyane, elle construit et gère sur l’ensemble du territoire de ce département et région de France d’Outre-Mer des logements sociaux en collaboration avec l’État français, les collectivités locales (Région, Département, communes) et des organismes comme la Caisse d’Allocations Familiales (CAF) ou l’Agence Départementale d’Insertion (ADI).

- La Société Immobilière de Kourou (SIMKO) : l’objet social de cet organisme est l’aménagement de terrains en vue de la construction, de la création de zones d’habitat social ou de zones industrielles ou artisanales. La SIMKO est également responsable de l’étude, l’acquisition, la réalisation, la gestion et l’exploitation pour son propre compte ou pour le compte de tiers, de tous programmes et complexes immobiliers sur le territoire régional. Cette entité produit annuellement 300 logements neufs et assure la gestion et l’entretien d’un patrimoine de plus de 4100 logements (sociaux, intermédiaires ou non-aidés), commerces et terrains.

- La Société d’Économie Mixte de Saint-Martin (SEMSAMAR) : cette entité, présente dans l’ensemble des Caraïbes Françaises (Saint-Martin, Guadeloupe, Martinique et Guyane) remplit les missions de service public pour les collectivités locales dans le domaine du logement social, de l’aménagement, de la gestion et du développement économique. Il s’agit de la plus importante société d’économie mixte aux Antilles et ses résultats garantissent l’aboutissement de ses projets, le plus souvent par l’intermédiaire de leurs financements.
Les exploitants des réseaux de transport

La Régie Communautaire des Transports (RCT) a été créée à la mi-2012 lorsque la CACL est devenue l’unique autorité organisatrice des transports urbains, périurbains et scolaires sur son territoire. Elle exploite le réseau de bus urbain de la CACL, depuis qu’elle a succédé au Syndicat Mixte des Transports de Cayenne (SMTC) dont elle a repris le personnel et les locaux.
L’exploitation des lignes périurbaines est assurée, de son côté, par 5 sociétés différentes de transporteurs privés locaux avec lesquels la CACL collabore par le biais d’une Délégation de Service Public (DSP).
Enfin, le réseau de transport scolaire (qui est emprunté par 10 000 élèves par jour) est composé de 104 lignes terrestres, 12 lignes spécialisées et 2 lignes fluviales et il est exploité par des transporteurs privés dans le cadre de marchés publics. Il est hérité du Conseil Général de la Guyane, mais il est prévu qu’à l’horizon 2020, il soit rationalisé avec la création de nouvelles lignes urbaines.
La gouvernance du projet
L’intérêt et l’opportunité de la mise en place d’un TCSP dans la région de Cayenne ont été partagés par tous les acteurs du Plan Global Transports et Déplacements que sont l’État, la Région, le Département, l’ensemble des EPCI et les communes.
Dans le cadre des études de faisabilité du projet, l’ensemble des partenaires de la CACL ont participé à la définition du projet de BHNS de l’agglomération cayennaise. Pour ce faire, deux instances de suivi et de validation ont dû être mises en place. Ces dernières sont :
- Le comité de pilotage (COPIL) : il a pour mission de valider les orientations définies pour la mise en place du projet. Il s’est réuni à deux reprises, plus précisément le 5 juillet et le 27 août 2013. Ce comité se compose des membres suivants :
– la Commission Aménagement de l’ACL ;
– les élus des 6 communes membres de la CACL ;
– l’État ;
– le Conseil Général de la Guyane;
– le Conseil Régional de la Guyane (depuis 2014, les deux assemblées ont fusionné pour former ce qui est maintenant la Collectivité Territoriale de Guyane).
- Le comité technique (COTECH) : il constitue la force de proposition dans le cadre de la définition du projet de TCSP. Il s’est réuni à deux reprises (les 24 juin et 8 août 2013) et regroupe les membres suivants :
– la commission Aménagement de la CACL ;
– les référents techniques des 6 communes de la CACL ;
– l’État Français ;
– la Région Guyane ;
– le Département Guyane ;
– l’Observatoire Régional de l’Air de la Guyane ;
– l’Agence d’Urbanisme et de Développement de la Guyane (AUDeG) ;
– l’EPAG (Établissement Public d’Aménagement de la Guyane) ;
– l’ADEME (Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie) ;
– la Chambre de Commerce et d’Industrie de Guyane (CCIG) ;
– l’Agence Française de Développement (AFD) ;
– la Caisse des Dépôts et de Consignation (CDC).
Il faut retenir de tout cela que le scénario retenu dans le dossier du TCSP de l’agglomération de Cayenne, qui a été validé par les élus du conseil communautaire, représente le résultat du travail mené dans ce cadre. La nécessité d’un projet de ce type et le changement qu’il peut créer dans un modèle de développement encore en pleine construction a été comprise et souhaitée de manière unanime. De plus, la place des transports collectifs est très importante pour la Guyane et plus particulièrement la Communauté d’Agglomération du Centre Littoral (CACL).
Liens entre le TCSP et d’autres projets d’aménagement urbain dans l’agglomération de Cayenne
Il y a une volonté politique d’articuler le développement urbain au système de transport, comme le prouve une étude de préfiguration du système de transport lancée en 2009 en lien avec le SCoT (Schéma de Cohérence Territoriale), bien avant l’obtention de la compétence validée le 1er janvier 2012. Elle a été également été manifeste dans la délibération du 13 décembre 2012 sur les périmètres possibles d’Opérations d’Intérêt National (OIN) en lien direct avec les axes utilisés par les transports collectifs dont le futur TCSP.
Des zones de projets urbains majeurs situées au cœur du corridor du futur TCSP
Le territoire de la Communauté d’Agglomération du Centre Littoral (CACL) a vu sa population se multiplier considérablement en une trentaine d’années, ce qui a conduit à une forte expansion urbaine. Un desserrement du tissu urbain s’est opéré parallèlement, le plus souvent de façon peu organisée, tout en profitant des opportunités foncières pour réaliser de grandes opérations d’aménagement et de création de zones d’habitat sans nécessairement avoir une vision stratégique pour l’avenir de l’agglomération cayennaise.
Cette expansion s’est faite de manière anarchique, puisqu’elle elle prend la forme d’un étalement urbain, avec des constructions massives de lotissements autour des axes routiers, ce qui peut être associé aux problèmes de congestion routière que connaît l’agglomération de Cayenne. Par ailleurs, le sous-dimensionnement ainsi que la mauvaise adaptation du réseau viaire (dus à l’absence d’un maillage routier de quartier aboutissant par conséquent à une concentration du trafic sur le réseau principal) viennent à en empirer la situation.
Il faut ajouter que cette expansion urbaine s’est faite au détriment des espaces naturels, et plus particulièrement des monts qui se sont retrouvés vite envahis par le bâti et parallèlement, le centre de Cayenne s’est retrouvé délaissé par la population aspirant à vivre à la périphérie de la ville. La vieille ville, qui constitue le cœur de l’agglomération est marquée par l’abandon de nombreuses maisons traditionnelles constituant par ailleurs un patrimoine architectural et culturel de grande valeur.
Conformément aux orientations stratégiques fixées par le SCoT, les différentes opérations urbaines en cours ou en projet dans la région de Cayenne doivent répondre à un double objectif, puisqu’il s’agit d’une part, de favoriser les projets limitant l’étalement urbain tout en assurant une mixité sociale ainsi que des fonctions urbaines (vivre, travailler et se divertir), et d’autre part, d’accompagner et de poursuivre les efforts de requalification du cœur de ville de Cayenne.
Voici la liste des projets (en cours ou à venir) dans l’agglomération cayennaise :

L’opération Jasmin
Situés dans une zone résidentielle, les terrains, d’une superficie totale de 5,4 hectares devraient permettre la construction de 340 logements individuels et collectifs dans des bâtiments allant du R+1 au R+3. 140 logements seront réalisés par l’EPAG, 128 autres par la SEMSAMAR et les 72 restants par un promoteur privé. Une fois ce projet achevé, 900 habitants supplémentaires pourront s’y installer. Comme les permis de construire ont déjà bel et bien été déposés, ces 340 logements devraient être livrés courant 2015.
Couverture de l’édition de mars 2015 du journal du PDRU de Cayenne
Le PDRU (Programme de Développement et de Rénovation Urbaine)
La mise en route du PDRU de la Ville de Cayenne a permis de définir un projet urbain d’ensemble destiné à réunifier le centre ancien, les faubourgs et les quartiers du sud de la ville. 5 secteurs sont concernés par le PDRU de Cayenne :
- Secteur 1 : Leblond palétuvier, Malouin, Malterre ;
- Secteur 2 : Quartier du marché, Village chinois, la digue Ronjon, la cité Rénovation Urbaine, le quartier Ronjon-Madeleine ;
- Secteur 3 : Cité Mirza, Cité Floralies, Quartier N’Zila – Faubourg-l’Abri ;
- Secteur 4 : Quartier Eau Lisette nord – Césaire/sud ;
- Secteur 5 : Cité Uranus à Cabassou.
Les secteurs qui sont directement concernés par le projet du TCSP sont les secteurs 3 (Cité Mirza, Cité Floralies, Quartier N’Zila – Faubourg-l’Abri) et 5 (Cité Uranus, à Cabassou). Une vaste opération de démolition de 140 logements, de réhabilitation de 294 logements et de construction de 212 logements est programmée. Le solde de 72 nouveaux logements génère un apport de 180 habitants.




Pour ce qui est des équipements, il est prévu, dans ce projet, la construction d’une maison de quartier, d’une maison des associations, d’un plateau sportif, d’un groupe scolaire de 18 classes et la réhabilitation de 3 écoles (soit 48 classes), ainsi que celle de la maison de quartier N’Zila.

Les voies irrigant ce secteur doivent faire l’objet d’aménagements divers qui sont destinés à fluidifier la circulation routière au profit des déplacements piétonniers et cyclables, mais aussi du passage des transports en commun.
C’est en juillet 2013 que les travaux de réhabilitation du quartier de Médan ont débuté. La fin des travaux du secteur 3 du PDRU de Cayenne devrait avoir lieu au premier trimestre 2017.

La ZAC Hibiscus
Le projet d’aménagement du quartier de l’université, ayant pour maître d’ouvrage l’EPAG, représente pour la Ville de Cayenne un projet majeur.

Ce vaste projet d’aménagement, mené en partenariat avec la mairie de Cayenne, définit le nouveau quartier organisé autour du PUG (Pôle Universitaire Guyanais). Cette opération, qui s’étend sur 25 ha, doit favoriser l’insertion de l’université dans le paysage urbain de Cayenne, mais doit également répondre à la demande croissante de logements et d’équiper ainsi que d’aménager le secteur.


Ce projet prévoit la création de 648 logements collectifs, 18 logements collectifs et 655 chambres étudiantes, ce qui représenterait un apport d’environ 2 700 personnes pour ce secteur. L’arrivée des premiers habitants a été fixée au début de 2015.

Le Carré Saint-Antoine
Ce projet prévoit la création de 135 logements (soit 108 logements collectifs et 27 maisons groupées mitoyennes) et également un immeuble de bureaux à proximité immédiate du Pôle Universitaire Guyanais (PUG). La première tranche de 85 logements locatifs de type PLS (Prêt Locatif Social) a déjà été livrée. Ces 85 logements sont répartis dans des bâtiments de 3 étages à raison de 28 T2, 43 T3 et 14 T4. On vise l’arrivée de 400 nouveaux habitants dans le quartier avec ce projet. L’ensemble du projet a été livré fin 2014.

Palika
L’aménagement du secteur dit « Palika » par la SIGUY (Société Immobilière de la Guyane) prend la forme d’un projet d’habitat à court terme, puisqu’il doit être complété en 2017.

Ce projet consiste à réaliser près de 600 logements (répartis entre individuels, collectifs et maisons de ville), ainsi qu’un plateau sportif, le tout sur un vaste espace de 13 ha.
Avancées du projet et futures étapes
Avancées
Le projet du TCSP de Guyane a déjà fait l’objet d’études d’opportunités et de préchiffrage dans le cadre du plan global du transport déplacement dévoilé en 2011-12, ainsi que d’une étude de faisabilité réalisée entre juin et septembre 2013. Autres actions déjà réalisées pour le projet du TCSP de la CACL :
- Mi-octobre à mi-décembre 2013 : Concertation préalable L-300-2 ;
- Mars à Juin 2014 : Études préliminaires ;
- Juillet 2014 à Janvier 2015 : Études d’avant-projet ;
- Mars 2014 à Mars 2015 : Étude d’impact ;
- 2014 : Inventaire Faune et Flore ;
- 1er semestre 2015 : Autres dossiers administratifs.
Étapes en cours et à venir
- Février à Octobre 2015 : Études PRO et DCE ;
- Mai 2015 à Mai 2016 : Enquête d’Utilité Publique ;
- Mi-2015 (amiables) à 2017: Acquisitions foncières ;
- Mars à Novembre 2016 : Déviation de réseaux ;
- Juin 2016 : Démarrage des travaux.
http://www.cacl-guyane.fr/les-grands-projets/tcsp/
Cliquer pour accéder à Dossier_TCSP_CACL.pdf
Logo de Yanéo
Choix du nom du TCSP de la CACL et date de mise en service
En octobre 2020, alors que les travaux du TCSP venaient de débuter, la CACL avait organisé un jeu concours auprès de la population, afin de dévoiler son nom. Plus de 300 personnes y ont participé et lors de l’assemblée plénière qui s’est déroulée le 22 juillet 2021, c’est le nom de « Yanéo » qui a été choisi. Celui-ci est une contraction de « Yana » (le nom amérindien de la Guyane) et de « Néo » (nouveau), ce qui souligne le caractère innovant de ce nouveau mode de transport destiné à desservir l’agglomération cayennaise.
Depuis janvier 2022, les travaux sont entrés dans la Phase 3. La mise en service de Yanéo devrait avoir lieu courant 2023.
Tracé de Yanéo
Conclusion
Le projet du TCSP du Guyane peut être considéré comme un projet très prometteur, puisqu’il représente une véritable opportunité pour l’agglomération de Cayenne, tout comme ceux des agglomérations de Fort-de-France (Martinique) et de Pointe-à-Pitre (Guadeloupe). En effet, ce projet de grande envergure a été conçu pour améliorer la mobilité dans la région cayennaise, tout en le reliant à d’autres projets d’aménagements urbains qui s’opèrent tant à Cayenne intra-muros que dans sa périphérie, mais aussi pour améliorer le cadre de vie des habitants de l’agglomération. Tout comme en Martinique, le TCSP de Guyane prendra la forme d’un BHNS (Bus à Haut Niveau de Service) qui sera composé de 2 lignes partant du centre-ville de Cayenne vers les quartiers périphériques du chef-lieu de ce département français d’Outre-Mer situé en Amérique du Sud. Le chantier devrait débuter courant 2016 pour se terminer à l’horizon 2020, date de sa mise en service.
Par Anthony Bassien-Capsa (mise à jour le 13 juin 2022)