L’actuel CHU de la Guadeloupe : pourquoi le reconstruire ?

Vue aérienne du Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Pointe-à-Pître/Les Abymes en 2018 

 

Le Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de la Guadeloupe est le principal établissement de santé de ce Département Français d’Amérique (DFA). Construit dans les années 1970 sur les pentes du Morne Jolivière aux confins de Pointe-à-Pitre et des Abymes, cet établissement hospitalier est devenu vétuste et ne répond plus aux normes parasismiques et anticycloniques. C’est ainsi qu’en 2011, les pouvoirs publics ont décidé qu’il sera reconstruit sur le site de Perrin, près du centre-ville des Abymes. L’incendie survenu en novembre 2017 a par ailleurs dévoilé un système de sécurité défaillant pour la structure, ce qui traduit également sa vétusté et a remis en cause l’organisation hospitalière dans l’archipel français des Caraïbes. 

 

Vue générale de l’Hôpital Général de Pointe-à-Pître dans les années 1930 et 40

 

Les origines de l’actuel CHU

Les origines du CHU de la Guadeloupe ne datent pas d’hier : elles remontent à 1936, alors que la population de l’archipel ne disposait seulement que de deux petits établissements de santé qui furent sous administration militaire. Parmi les membres du personnel médical de ces deux établissements hospitaliers, on y retrouvait un certain docteur Joseph Ricou, chirurgien-chef qui donnera son nom au futur hôpital général du Morne Jolivière, à la limite entre Pointe-à-Pitre et Les Abymes qui sera construit une trentaine d’années plus tard. Les deux établissements formaient l’Hôpital Général de la Guadeloupe. Le personnel infirmier fut à cette époque-là, entièrement religieux et ce, malgré la Loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat devenue effective en France en 1905 (NB : la Guadeloupe fut encore une colonie française d’outre-mer à cette époque-là).

 

L’Hôpital Ricou dans les années 1930

Entre 1939 et 1942, il y eut un recrutement massif d’infirmiers laïcs ayant favorisé l’accroissement du personnel de l’Hôpital Général, et parallèlement, le nombre de médecins militaires passe de 1 à 2. Après la Libération qui a eu lieu en 1943 (soit 1 an avant celle de la France métropolitaine), le personnel devint entièrement civil, suite au départ des militaires. Le Dr. Joseph Ricou devenait alors le directeur de l’établissement hospitalier. L’autre établissement hospitalier de l’archipel connu sous le nom d’Hôpital Autonome et situé en plein cœur de Pointe-à-Pitre fut, quant à lui, composé de bâtisses en bois et de deux bâtiments ne tarda pas à être jugé vétuste et fut alors réservé aux marginaux.

En 1944, la construction de bâtiments supplémentaires débuta et deux ans plus tard, suite à la Départementalisation de la Guadeloupe, l’Hôpital Autonome devint l’Hôpital Départemental, ce qui s’est traduit par la perte d’autonomie de l’établissement hospitalier et le transfert de sa gestion au Service Santé de la colonie.  Puis durant l’après-guerre, il est rebaptisé Hospice Saint-Jules, avant de fusionner avec l’autre structure hospitalière qu’est l’Hôpital Général en 1960, ce qui a donné naissance au Centre Hospitalier Départemental (CHD) de Pointe-à-Pitre. Le nombre de lits disponible passe alors à plus de 500.

En septembre 1966, le cyclone Inès ravage la Guadeloupe et une grande partie des locaux de l’hôpital Saint-Jules. Les autorités ont décidé de ne pas les réparer et par conséquent, les patients se retrouvèrent entassés dans ce qui a été épargné par la tempête. L’établissement hospitalier finira par être abandonné quelques mois plus tard (en avril 1967) et les 162 patients qu’il comptait à cette époque-là furent immédiatement transférés à l’Hôpital Général, ce qui fit passer la population hospitalière à plus de 700 patients et excéda sa capacité nominale en dépit de la construction de bâtiments supplémentaires entre ses structures de base.

En 1976, un service de consultations externes et un centre de planifications furent crées. L’année suivante, l’Hôpital Général prend le nom d’Hôpital Joseph Ricou, en hommage au dévouement et à la compétence de ce chirurgien. Notons qu’à l’époque, on dénombrait 200 lits pour un effectif d’environ 70 personnes.

 

Vue générale du CHU de Pointe-à-Pitre aux alentours de 1980

 

Puis en 1978, c’est le début de la construction de la première tranche de l’actuel Centre Hospitalier (à l’époque Nouveau Centre Hospitalier, ou N.C.H. en initiales). Lors de la mise en service de ce dernier, un recrutement de plus de 600 agents eut lieu afin de répondre à l’évolution des effectifs. Six ans plus tard, la deuxième tranche des travaux du N.C.H. débute alors que l’établissement prit le nom de Centre Hospitalier Régional (CHR) de Pointe-à-Pitre. L’établissement fut rebaptisé en 1986 sous le nom actuel de Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Pointe-à-Pitre/Les Abymes, en raison de la localisation du site, à cheval sur les deux villes.

 

Bâtiment principal du CHU de Pointe-à-Pitre/Les Abymes

L’établissement hospitalier est la tête de pont de l’organisation du système de santé dans l’archipel guadeloupéen, vu qu’il assure les missions confiées par l’Etat en matière notamment de soins, de prévention, d’enseignement et de recherche. Il est par ailleurs doté d’un conseil de surveillance et dirigé par un directeur général assisté d’un directoire.

 

Vue générale du CHU de Pointe-à-Pitre/Les Abymes avant l’incendie du 28 novembre 2017

 

L’actuel CHU, construit à la fin des années 1970, est jugé vétuste, notamment par rapport au fait qu’il est vulnérable face au risque sismique (NB : la Guadeloupe tout comme l’ensemble de la Caraïbe) et que conséquemment, il ne répond pas aux normes parasismiques actuelles, voire aux normes anticycloniques. De plus, il connait des problèmes de maintenance et fait face à un important déficit. Cela a donc amené les pouvoirs publics à mettre en place un projet de construction d’un nouveau CHU, plus moderne et répondant parfaitement aux normes parasismiques et anticycloniques actuelles sur le site de Perrin, près du centre-ville des Abymes et de l’aéroport Guadeloupe Pôle Caraïbes. Il devrait voir le jour en 2022.

https://www.rci.fm/infos/societe/tranches-dhistoires-de-lhopital-ricou-au-futur-chu

 

Incendie du CHU de Pointe-à-Pitre/Les Abymes, le 28 novembre 2017

 

L’incendie du 28 novembre 2017

Le CHU de Pointe-à-Pître/Les Abymes a connu la pire journée de son histoire le 28 novembre 2017. Ce jour-là, un incendie se déclara dans le local technique d’un des bâtiments de l’établissement de santé, alors en travaux. Les pompiers qui étaient sur les lieux sont intervenus rapidement mais avec l’épaisissement de la fumée qui se dégagait du bâtiment, il a fallu procéder à l’évacuation de l’établissement hospitalier. Les patients furent transférés vers d’autres établissements de santé de l’archipel guadeloupéen comme l’Hôpital Ricou voisin, ou encore la Polyclinique des Abymes, la Clinique des Eaux-Claires (Baie-Mahault), l’hôpital de Capesterre-Belle-Eau, ainsi que le Centre Hospitalier de Basse-Terre (CHBT). Cet incendie est donc dû à une défaillance technique liée à la vétusté de la structure.

 

Le bâtiment dans lequel s’est déclaré l’incendie du 28 novembre 2017

 

Vue aérienne du CHU de Pointe-à-Pitre après l’incendie du 28 novembre 2017

Cet incendie a bouleversé gravement l’organisation du système de santé dans l’archipel (aussi bien pour le personnel soignant que pour les malades) et dévoilé les défaillances du système de sécurité de l’actuel CHU. Dans les mois qui ont suivi cette catastrophe sanitaire, la délocalisation de certains services vers d’autres centres de santé s’est effectué délicatement et on s’est interrogé quant à la décontamination du bâtiment dans lequel l’incident s’est produit ainsi qu’à une nouvelle occupation de ce dernier en marge d’une enquête judiciaire qui s’est ouverte peu après la catatstrophe. Mais cela n’a, en aucun cas, affecté la construction du futur CHU de la Guadeloupe.

 

Par Anthony Bassien-Capsa, le 31 mars 2019

 

https://la1ere.francetvinfo.fr/guadeloupe/incendie-au-chu-pointe-pitreabymes-evacuation-ensemble-etablissment-est-cours-536821.html

https://la1ere.francetvinfo.fr/guadeloupe/incendie-du-chu-c-etait-il-y-an-655375.html

https://la1ere.francetvinfo.fr/guadeloupe/chu-bien-difficile-delocalisation-partielle-656013.html

 

 

 

 

2 réflexions sur “L’actuel CHU de la Guadeloupe : pourquoi le reconstruire ?

    1. L’actuel CHUG situé sur le Morne Jolivière est vulnérable en cas de séisme majeur et il doit être le principal centre de secours capable d’accueillir des centaines de victimes, rôle qu’il ne pourra pas vraiment remplir ! C’est pour ça qu’on décidé de le reconstruire à Perrin, aux Abymes afin qu’il réponde aux normes parasismiques (mais aussi anticycloniques) actuelles ! De plus, le système de sécurité est défaillant dans le CHUG actuel et le nouveau ne devrait pas commettre cette erreur !

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