
Introduction
L’autoroute métropolitaine (A-40), qui traverse le nord de l’île de Montréal d’ouest en est connait des problèmes, tant sur le plan du trafic automobile que sur le plan de son âge. Ceci concerne plus particulièrement la portion comprise entre l’échangeur Côte-de-Liesse (servant de jonction avec l’autoroute du même nom, soit la 520, menant à l’aéroport Pierre-Eliott-Trudeau) et celui des Laurentides qu’elle partage avec l’autoroute 15 (à partir de l’échangeur Décarie). On constate en effet une circulation dense sur cette autoroute, mais aussi des signes de vétusté, bien qu’elle soit encore en parfait état. Les pouvoirs publics s’interrogent quant à son devenir.

Présentation et historique
L’autoroute Métropolitaine a été construite en 1960. 200 000 véhicules l’empruntent chaque jour, plus particulièrement sur le tronçon compris entre l’échangeur Décarie et celui des Laurentides qui est donc le plus fréquenté du Québec.
Bien que la structure de cette autoroute soit encore considérée comme solide, elle affiche des signes de vétusté, puisque les colonnes soutenant celle-ci sont rouillées et couvertes de sel. Cette impression de décrépitude générale est également remarquable par la présence de plusieurs grilles de métal rivées à la structure, sous lesquelles des trous peuvent être visibles.
De plus, des plaques d’une couleur laiteuse sous la dalle révèlent que des travaux de bétonnage s’y sont opérés en 2013, comme en témoigne un pansement adhésif placé sur une fracture ouverte. Par ailleurs, on a relevé, au pied d’un pilier couvert de fissures et de signes tracés à la craie bleue ou orange, la présence d’un gisement de tas de béton détachés de la colonne, ce qui laisse voir une barre d’armature en acier rouillée.

Diagnostic et rapport d’enquête
Mentions générales
Un rapport d’inspection publié en novembre 2012 dévoile que la structure de l’autoroute Métropolitaine surplombant l’avenue Musset dans l’est de Montréal présente un réseau de fissures parcourant le béton sur les côtés extérieurs, ainsi que des piles et des grandes dalles de béton sous la structure. Ce même rapport mentionne à diverses reprises que ces éléments de la structure sont affligés « défauts de matériaux pouvant réduire de façon importante leurs capacité à supporter les charges. » D’autres rapports d’inspection réalisés à l’automne 2012 évoquent ces mêmes problèmes sur les structures de la Métropolitaine surplombant les boulevard Provencher, Pie-IX et Saint-Michel, ainsi que les 15e et 18e Avenues dans l’est de Montréal. On en a également constaté sur la portion de l’autoroute surplombant l’avenue Sainte-Croix à Ville-Mont-Royal.
Importance de l’autoroute pour le Montréal métropolitain et nécessité de la rénover
Ces structures sont en revanche considérées comme n’étant pas vraiment les plus endommagées, ni les plus mal en point sur le parcours de l’autoroute Métropolitaine, qui constitue la colonne vertébrale du réseau routier supérieur aussi bien pour Montréal que pour sa région métropolitaine. D’après les données regroupées dans la section « ponts et structures » sur le site Internet du Ministère des Transports du Québec (MTQ), cinq des ponts en béton armé formant la portion surélevée de l’autoroute et trois de ses voies d’accès ou de raccordement avec le réseau routier local portent un indice de condition générale (ICG) de 2, ce qui signifie qu’ils nécessitent des travaux majeurs. Ces structures se trouvent sur la partie est de l’autoroute Métropolitaine, entre l’intersection de la rue Saint-Hubert et celle de la 19e Avenue. Ce sont donc au total, 8 structures qui sont concernées par ces travaux jugés nécessaires.
Selon le site internet du MTQ, 27 autres structures routières portent un ICG de 3, c’est-à-dire qu’elles « nécessitent des opérations », comme c’est le cas par exemple du pont de l’avenue Musset.
Pour ce qui est de la totalité de la portion surélevée de l’autoroute Métropolitaine (comprise entre le boulevard Provencher et l’autoroute 520 (autoroute Côte-de-Liesse), ce sont 35 des 51 structures la formant qui devront faire l’objet de « réparations » ou de « travaux majeurs ». Il faut toutefois noter que seulement 16 structures de la Métropolitaine répertoriées par le MTQ qui ne « nécessitent aucune intervention ». Ces dernières sont majoritairement situées entre les échangeurs Décarie et des Laurentides, où le Ministère avait déjà réalisé plusieurs grands chantiers de réaménagement dès 2010.
Dalles et piles fissurées
On a constaté que sur les 51 structures – qui sont des ponts à dalle évidée construits en béton armé – 37 d’entre elles font l’objet de rapports d’inspection. Les 14 restantes sont décrites sur des fiches d’identification précisant leur indice de condition générale. La moitié d’entre elles « nécessite des réparations », alors qu’aucun rapport d’inspection ne documente leurs déficiences ou dommages respectifs.
Il faut noter que ce sont les dégâts sur les structures situées à l’est de la rue Saint-Hubert qui sont les mieux documentés et les plus visibles. C’est le cas, par exemple, sur le long du pont enjambant la 18e Avenue où l’on constate la présence d’un énorme trou dans le béton laissant voir des barres d’acier rouillées. Par ailleurs, un long rang de barres d’acier rouillées s’étire vers la droite. En ce qui concerne une des structures voisines situées au-dessus de la 15e Avenue, un rapport d’inspection publié en octobre 2012 signale « des défauts majeurs, notamment sur les colonnes E,F, G et H ». Selon ce rapport, des étriers servant à retenir entre elles les barres d’armature ont été « sectionnées », lorsque les aciers ont été mis à nu par des éclatements du béton de surface.
Ce même rapport indique que quelques mètres plus haut, environ 145 000 véhicules roulent quotidiennement sur une chaussée fissurée dans le sens de la largeur le long d’un joint endommagé, « où l’érosion par des abrasifs et des éclatements de béton peuvent réduire de façon appréciable le confort de roulement et la sécurité des usagers ».
Trous et stalactites
Plus à l’est de la Métropolitaine et plus exactement sur le côté nord de la structure surplombant le boulevard Provencher, des stalactites de sels pendent au béton de la structure. Ces dernières proviennent de sels de voirie répandus en hiver sur la chaussée qui se sont infiltrés sous l’asphalte, puis à travers l’ensemble de la structure, avant de « suinter » par les pores du béton, sur le côté extérieur, à proximité d’un drain rouillé.
Lors de l’inspection réalisée en octobre 2012, on a révélé la présence, sous la structure, d’une « fissure importante » sur l’une des piles de béton armé soutenant la dalle, au nord de la structure. Le rapport du MTQ indique par ailleurs l’existence de « fissures en réseaux sur 20% de la surface, délaminage, et éclatements avec armatures apparentes et corrodées sur 15 m² de béton ». Durant l’été 2013, le trou béant, situé en plein centre de cette colonne en béton armé fut encore visible.
Pas d’urgence selon le MTQ
Selon le porte-parole du MTQ, Mario Saint-Pierre, le Ministère ne prévoit pas de réaliser des travaux majeurs d’ici 2015. Il a d’ailleurs expliqué que « depuis 2010, le MTQ réalise chaque année des travaux de réparations sur des structures de la Métropolitaine dans le but de préserver la fonctionnalité et d’améliorer la sécurité du public ». Il n’a pas pu, en revanche, précisé le nombre d’interventions ou les montants annuels que le MTQ y a consacrés durant ces dernières années.
Pour l’exercice en cours de réalisation, le MTQ a prévu des investissements compris dans une fourchette allant de 50 à 100 millions de $ pour la « Métro » (surnom donné à cette autoroute) en 2013-14. Ces sommes incluaient les travaux prévus pour le réaménagement de l’échangeur Décarie qui ont pris fin en 2014 (il faut noter que leur coût exact n’avait pas été révélé à l’époque, ce qui, par conséquent, n’a pas permis de dévoiler les montants prévus spécifiquement pour réparer les structures endommagées de l’autoroute Métropolitaine).
En revanche, un article paru en août 2013 dans le journal La Presse a dévoilé que des traces des travaux de bétonnage réalisés en surface entre 2012 et 2013 étaient visibles et ce, afin d’empêcher les chutes de morceaux de béton se détachant de la structure. Néanmoins, des dommages plus importants repérés par des rapports d’inspection générale publiés en 2012 sur des piles des structures et des colonnes furent encore visibles.
http://www.lapresse.ca/actualites/montreal/201308/25/01-4683064-la-metropolitaine-en-piteux-etat.php

Une volonté de réorganiser la circulation sur l’autoroute Métropolitaine selon le MTQ
En septembre 2014, le MTQ a présenté un plan destiné à réorganiser la circulation sur l’autoroute Métropolitaine. Le Ministère pense à réorganiser cette dernière sur 3 réseaux à la fois indépendants et parallèles correspondant respectivement au réseau routier local, aux voies de service et aux voies autoroutières.
Scénario global
Même si la forme ou la nature de ce projet de grande envergure ne soit pas vraiment détaillée dans le schéma révisé de la Ville, une étude de circulation menée par la firme d’ingénierie Genivar (devenue depuis WSP) a révélé qu’il serait préférable d’éliminer certains déficiences liées à la conception de l’autoroute elle-même pour améliorer la fluidité du trafic et la sécurité des usagers plutôt que d’ajouter des voies de cicruclation supplémentaires.
Il faut noter que cette stratégie a été mise à l’épreuve dans le cadre des projets de réaménagement des échangeurs reliant la Métropolitaine aux 2 branches de l’autoroute 15 que sont l’autoroute des Laurentides (A-15 Nord, en direction de Laval) et l’autoroute Décarie (A-15 Sud, en direction du centre-ville de Montréal). Ces derniers ont permis de corriger plusieurs problèmes de l’autoroute Métropolitaine nuisant à la fluidité de la circulation et pouvant mettre en danger la sécurité des usagers comme :
– une discontinuité des voies de desserte
– une multiplication des bretelles d’accès
– une interdépendance avec le réseau local
– des bretelles de sorties situées à gauche.
La question des déplacements locaux
Il faut rappeler que le tronçon le plus fréquenté de l’autoroute Métropolitaine, situé entre les échangeurs Décarie et des Laurentides est emprunté par plus de 200 000 véhicules chaque jour, ce qui est en fait le tronçon autoroutier le plus achalandé du Québec. Comme il a été construit en plein milieu de Montréal, et que l’emprise autoroutière est bordée par un cadre bâti, il a fallu réaliser une étude de circulation fine dans le but de mieux connaître l’origine de ces centaines de milliers véhicules y circulant.
Les ingénieurs ont ainsi pu établir que le trafic trop important sur la Métropolitaine est dû notamment à la présence de milliers de véhicules qui empruntent l’autoroute pour des déplacements de nature locale, puisqu’elle comporte de nombreuses bretelles directement connectées à des rues locales, ce qui encourage, par conséquent, ce type de déplacements alourdissant le trafic autoroutier.
Dans un résumé rendu public durant une présentation à l’Association du Transport du Canada (ATC), on a déclaré que « l’étude a conclu que le simple ajout de voies de circulation n’augmente pas automatiquement la capacité puisque le tronçon est circonscrit et d’autres contraintes à l’extérieur du tronçon élargi limitent les gains potentiels. »
Une « refonte complète du réseau » a été jugée préférable pour rétablir la hiérarchie entre les réseaux de transport de manière à favoriser non seulement les déplacements locaux sur le réseau municipal, mais aussi les mouvements autoroutiers sur les voies rapides, ainsi que les transferts de circulation d’un réseau à l’autre par des voies de desserte.
L’avenir des structures surélevées
Dans un article du journal La Presse paru en septembre 2014, on peut lire que l’avenir des structures surélevées composant une grande partie de l’autoroute Métropolitaine à l’horizon 2031 reste inconnu.
Le chef de l’opposition au conseil municipal de Montréal, Richard Bergeron a déclaré que le chantier de l’autoroute Métropolitaine risquerait « d’être trois à quatre fois plus gros que celui de l’échangeur Turcot, parce qu’il n’y aura pas d’autre choix que de le mettre en souterrain ». Il justifie cette affirmation en rappelant qu’il y a des bâtiments de chaque côté de l’autoroute. Le politicien pense que le projet de réaménagement de l’autoroute Métropolitaine serait comparable à celui du Big Dig réalisé à Boston (Massachussetts, USA) : il s’agit d’une mise en souterrain de voies rapides, afin de limiter les nuisances sonores et la pollution atmosphérique.
- Le Big Dig à Boston (Massachussetts, USA) : source d’inspiration pour l’enfouissement de l’autoroute Métropolitaine
Le conseiller municipal et responsable de l’urbanisme au comité exécutif de Montréal, Russell Copeman (également maire de l’arrondissement Côte-des-Neiges/Notre-Dame-de-Grâce), pense, de son côté, qu’il n’y a « que deux choix » : soit maintenir la Métropolitaine dans sa structure actuelle, soit l’enfouir sous la terre. Il ajoute que « la mettre dans le sol coûterait des milliards de $ », vu qu’il s’agit d’un projet pharaonique et « qu’on n’y est pas encore là ».
Conclusion
Le réaménagement de l’autoroute Métropolitaine, qui est la plus fréquentée au Québec, constitue un des plus importants chantiers sur le point de se réaliser dans le Montréal métropolitain pour les années à venir. Il se retrouve confronté à deux choix de réalisation : sa restructuration et son enfouissement. Pour certains élus, ce projet serait possible, mais pour d’autres, c’est l’inverse, en raison des coûts onéreux quant à sa réalisation.